(Fondateur de la Balayette, il anime
inoxydablement depuis le dbut, une part importante des projets de la tribu
, y apportant son grain de sel et
ses visions personnelles de la posieÉ)
Entre la chanson raliste et lĠesprit
chansonnier, la couleur fantaisiste et le cercle des potes-chanteurs, il est
une autre voie. Celle qui va puiser ses racines dans des histoires de la nuit
des temps, celle qui sĠapparente davantage lĠesprit du saltimbanque, qui doit
davantage la Chanson de Roland quĠ celle de la chanson francophone de
qualit. Chanson de gestes, elle se mle de vouloir ausculter le mouvement du
monde au travers de ses grands paysages, grandes lignes de plaine au quotidien
qui elle emprunte ses mots de tous les jours et quĠelle marie aux joyeux
rouleaux de nos popes nocturnes. Mariage de la carpe et du lapin, mariage de
la cigale et de la fourmi, la chanson pique fut toujours porte par de drles
dĠoiseaux mlangs, autant conteurs, autant chanteurs, mais aussi journalistes,
musiciens, acteursÉ
Ainsi en est-il de la chanson de Philox. Il
faut alors, si tant est quĠil faut une tiquette pour chaque lande, parler de
chanson pique !
Aprs avoir poursuivi lĠexploration du registre
familial, lĠavoir distendu jusquĠ
y entrevoir les arcanes du monde social, aprs avoir pntr dans un monde
brumeux aux couleurs dĠenfance et de
peuple , chauffes lĠencre de la guerre et de la solitude, voici
comme une vole de bois vert, un nouveau rpertoire de chansons qui posent en
sous-main, ce qui nous semble tre le propre du domaine artistique : la
mmoire/ le passage de lĠhomme dans son temps / la trace.
Les chansons de Philox nous disent haut et
clair et sur toutes les touches du grand orgue comment la position de tmoins
de son temps lĠamne chanter ce que nous sommes en train de devenir de par
nos urbanits conjugues : des marchands dĠoubli. Tmoignage travers
lequel sĠimmisce toute lĠodysse de la pomme et de son arbre.
Les chansons de Philox nous disent haut et clair ce long pome
o le merveilleux se mle au vrai, la lgende lĠhistoire et dont le but est
de clbrer un hros au travers de ses hauts faits. QuĠils sĠappellent Lon ou
Tom (Ç son petit
homme È), les enfants dĠaujourdĠhui malgr les mdias et tout autre
ducateur, parlent aux arbres et savent ds lors ce qui composera leur contre
de demain.
Le citoyen Lambda, que les sondages ne
cessent dĠavachir, possde lui aussi ces gestes miraculeux, gardant son enfant bien
au chaud, celui avec lequel il passera les rouages et les roueries de son
temps ; puis viendra sĠen remettre aux princes du Dluge dans une lettre
o le petit fait quotidien articule la grande tendue, o la goutte nĠest plus
seulement celle qui se jette dans lĠocan . Et tout cela sous lĠair enjou dĠun
bateleur qui a pch la source et qui se doit de lĠannoncer. CĠest dĠailleurs
cette pche-l qui fait quĠil est bateleur devant vous comme devant lĠunivers.
Il peut ds lors sĠagir dĠune missive pour lĠeau de l, ou
pour lĠ eau dĠici, voir
plus : dĠun dialogue avec ses propres molcules, dĠune lettre ses
gouttes ! (Pour plus dĠinfos, voir dernier CD).
Si la chanson est chose srieuse, affaire de
grosse finance, suffisamment lourde pour composer lĠune des branches-mres de
lĠindustrie du divertissement et des loisirs, elle illustre pour autant son
point dĠorigine, lĠhistoire invraisemblable et mensongre, la fable, la
sornette, ce qui fait dire Jean-Baptiste Poquelin, dans lĠune de ses pices :
Ç Ce sont l des contes dormir deboutÉ È. Le conte et la chanson,
sĠils ne sont pas synonymes, sont pour le moins issus du mme bois, ce mme
arbre alli de lĠenfant .
Les sornettes et les fables font alors corps
dans ce rel ratiss au peigne fin par la rationalit scientifique et triomphante. Puisque la vie des gens ne
cesse dĠchapper sans cesse la
consommation radieuse, animal invertbr
cens nous faire monter une une les marches de la promesse librale. A
partir de quoi, chanson et conte se relayent, sĠentrecroisent, sĠembotent,
charriant dans la mme eau les dtails sans importance, le limon des mille et
uns petits trsors qui font lĠessence mme de nos pistes secrtes : grains
de bl dans le pli de la lettre dĠamour, messages cods gravs sur le tronc de
lĠarbre, mots trs doux faxs lĠintention des dlicates oreilles de monsieur
lĠArc-en-CielÉ Etapes de la vie qui croient davantage la vertu chromatique quĠ
lĠascenseur gomtrique, tout est bon dans la chanson de Philox pour rendre
nos vies dĠici-bas, la lumire scandaleuse qui semble tant dgoter nos
gouvernails, nos tuteurs si peu enclins la brise qui nous enchante !
Car ce Ç nous È, cĠest bien nous,
des gens tout fait ordinaires ; des gens bien de chez nous qui sont ns
quelque part. Et Philox est de chez ces gens l. Les gens qui sont de quelque
part, sont partout chez eux. Il y-a une promesse dĠternit pour lĠhomme qui
sĠest amalgam au sol. Il faut une certaine tranquillit intrieure pour
lĠhomme qui veut rester debout. Et
comme le dit le pote, la douleur vritable est celle de celui qui se
tait ; le chant qui pleure est dj un chant de paix.
CĠest de cet homme bien plant dans sa terre, que surgit la
question de lĠidentit et Philox ne cessera de la poser tout au long de son
passage :Ç Qui suis-je ? Un pommier ? È. Car ,
rebondissant depuis sa longue solitude, la question de la pomme amne la
rponse du porteur : le pommier est dans nos traditions anciennes, lĠarbre
de lĠautre monde.
Distribution :
Textes, musiques et chant : Philox.
Accordon : Philippe Mallard.
Guitares acoustiques, basse : Jrme
Jasmin.
Contrebasse : Fabrice Leroy.
Secondes guitares : Jeff Rossi.